jeudi, avril 27, 2006

Les cheveux blancs

Une fenêtre immense, une porte fenêtre telle celle des villas confortables garnit la façade d'angle d'une petite maison ouvrière, une prétention toute futile pour orner une minuscule cour au coin d'une rue pavée à la sortie des voies à grande vitesse.

Il n'y a plus de lumière le matin dans cette ouverture béante rythmée symétriquement de huit rangées de croisillons mais le vieil homme aux cheveux blancs est assis derrière le double vitrage chaque jour. Sa présence fait partie du paysage comme le cygne en faïence sur l'appui de fenêtre.

Une masse dense de cheveux soigneusement coiffés sur une nuque ridée. Le vieil homme est assis de dos dans un fauteuil enrôbant aux allures confortables, tableau immobile. Une attente imperturbable sans doute du matin suivant, encore un, ombre discrète et stoïque dans le trafic intense du début de journée... Quand le vieil homme ne sera plus là, peut-être qu'une affichette orange et noire sera la seule annonce de sa sortie de nos vies. Mais qui remarquera que quelque chose d'infime à changé dans nos trajets matinaux ?

mercredi, avril 26, 2006

Quand


Quand les tentures tirées ne retiennent plus la lumière des jours qui s'allongent et que les anges trouvent le sommeil plus tardivement, le temps des confidences au creux de l'oreiller est revenu. C'est là que l'on se rend compte que tout et rien n'a changé. Un an dans ce havre de paix planté sur les versants des terrils du Thier à Liège. Les enfants ont grandi, ils semblent d'une sérénité confiante et d'une confiance sereine... Les mois se sont égrenés et la vie suit son cours paisiblement somme toute au fil des saisons. Un premier cycle complet sera bientôt cloturé depuis mon départ...

Au boulot, les signes de la belle saison apparaissent timidement. Les hommes arborent leur coupe rase de printemps, ont troqué leurs vestes brunes d'hiver contre des tee-shirts trop étroits d'un bleu profond. Les dames montrent leurs jolies gambettes à peine dorées par les premiers UV des salons de beauté du coin où elles se croisent durant la pause de midi. Le rythme reste très soutenu aux usines mais la perspective des grandes vacances dans une petite dizaine de semaines confère le courage nécessaire pour assumer avec vitalité et hargne les contraintes et obligations, les projets et desseins. Ce petit monde prend son rythme d'été. Il fait chaud dans l'allée centrale qui sépare les usines, les odeurs sulfureuses ont pris un goût plus prononcé et tenace, les gens avancent un rien plus lentement dans leur précipitation...

dimanche, avril 23, 2006

Première

Sur la route condruzienne empruntée aujourd'hui, arrêt pique nique pour dévorer un petit pain aux saveurs de Sicile. La boutique compte plusieurs randonneurs motos attablés devant un bon verre de vin rouge et un croque italien. Les hôtes sont d'une sympathie toute méditerranéenne. C'est fou ce que le soleil donne une couleur toute nouvelle aux visages... aux bonjours et aux mercis...

Première sieste allongée dans l'herbe encore fraîche au soleil
Premières rougeurs dans le cou, sur les joues et surtout au bout du nez
Première après-midi complète à se prélasser sans rien faire, juste à profiter
Premier bain des anges qui récolte les grains de sable perdus dans les cheveux et entre les orteils
Premier début de nuit où les yeux se ferment remplis des étoiles d'une journée passée au grand air...
Mmmmmh, la vita e bella...

samedi, avril 22, 2006

Saturday night fever


Comme il est bon de couler gentiment un samedi avec les anges... Je laisse les herbes folles envahir le jardin. Une seule jonquille fleurit dans la broussaille mais c'est la préférée de loulou. Les jeux de Pâques sortent enfin du coffre de la voiture pour se répandre dans tout le salon... Comme une multitude de mondes parallèles, ils s'alignent dans des zones bien définies. Les légos devant l'étagère, sous le clair obscur de la lampe d'appoint, les pirates sur le dossier du sofa, les playmobils en vrac sur le parquet, scène médiévale de château composant avec l'univers sauvage du garde chasse. Tout ce petit monde vient de s'endormir...

Le souper a été annoncé par un "Staying Alive" de derrière les fagots lancé par Louise sur le PC. Une musique envoyée par un de ses petits amis de l'école. Après avoir reconfiguré son espace perso - et oui, les secrets de l'informatique ont leurs limites - elle donne le ton et nous suivons tous les trois dans une chorégraphie disco qui laisse le souffle court mais l'appétit bien ouvert. Milo étoffe son vocabulaire "Et si on se déguisextraterrestrait ?"...

La journée a glissé gentiment, calme et gaie, toute tiède...

Fête des femmes


La fête des secrétaires se transforme en fête des dames chez M. Bouquets en cascades, jolies intentions chocolatées disposées éparses sur le bureau. Mmmmh, il fait bon regagner son poste de travail ces jours de fêtes. Jeu de piste pour retrouver les auteurs de ces charmantes attentions, grands mercis et foule de sourires toute la journée... Ils sont bien nos métallos.

lundi, avril 17, 2006

Bonnes résolutions


Voilà Pâques terminé...
Pas réellement de grande fête en famille cette année, on laisse la place aux nouveaux.
Heureusement, les anges ont vécu du côté de Dinant une festivité de grand cru. Oeufs multicolores ramassés en courant et criant sous le soleil d'une éclaircie bienvenue, cadeaux cachés dans les arbres et oubliés sur les marches des escaliers de pierre. Et puis, de longues heures passées à découvrir, construire, jouer... Les secrets de Louise racontés à son papy, les secrets de Caro conservés discrètement, une courte nuit et puis retour vers Liège pour le transfert des anges chez leur papa.

Alors en attendant la fin de cette nouvelle semaine... Pour changer un peu... Dès demain, c'est décidé, je prends soin de moi... Moins de cigarettes, plus de sport, moins de vin, plus de thé vert, moins de rêves, plus d'action, moins de larmes, plus de rires, moins d'appitoiements, plus de force, moins de détresse, plus de passion, moins de souvenir, plus d'avenir, moins de projets, plus de concret...
Ben oui quoi... Et pourquoi pas d'abord ???

mercredi, avril 12, 2006

Pl...Ouffff


Le calme est revenu. Pas de musique durant cette journée si ce n'est les cris tantôt joyeux, tantôt revendicateurs d'une bande de joyeux miniman-girls. Les courses dans les allées de l'aquarium Dubuisson. Découverte et redécouverte des poissons inconnus aux bouilles bizarres et aux allures parfois pataudes, aux agilités et aux grâces si apaisantes. Puis, longue aventure dans le labyrinthe de la plaine de Cointe. Grands repas copieux, larges sourires, sérénité toute belle d'une vraie journée de vacances, dont on avait presque oublié la saveur sucrée. Waouw, merci les anges. Le bonheur est dans le pré liégeois.

lundi, avril 10, 2006

Les Parques et les anges

Les Parques s'activent avec acharnement. Elles cisaillent sans vergogne les fils de "soi", les fibres se cassent en silence et cinglent les visages tristes des rescapés qui doivent lutter avec l'absence.
Tout à côté, les anges insouciants tissent et construisent, patiemment, souriants, courageux et puissants.
Je les regarde avec admiration et espoir. Les hiers s'éteignent et les demains s'illuminent de leurs regards confiants.

Alors, gueule bon sang !!!


Un jour on se réveille sans voix, lourd, pesant, boursoufflé de malaise et de rage, dégoulinant de ces épreuves juste évoquées comme une interminable litanie silencieuse, sumo alourdis par le poids de l'échec et de la tristesse. Alors, plus qu'une chose à faire...



Un cri puissant à travers lequel tout doit se bousculer et sortir enfin,
Un cri arrogant et cinglant qui doit ravager tout sur son passage,
Juste un cri pour l'espoir de se sentir purifié et vidé de la souffrance,
Juste un cri qui transperce et fait voler en éclats toutes les réserves,
Juste un cri pour s'alléger, pour pouvoir laisser la place aux prochaines inspirations profondes et vitales,
Juste un cri bruyant pour après pouvoir écouter le silence,
Juste un cri de guerre pour faire la paix avec soi même et la peau aux démons.

samedi, avril 08, 2006

Semaine d'avril

Drôle de semaine... entre pluie et soleil, entre larmes et sourires...
Bof, bof, il faudrait enfin sortir de ce climat frileux mi-figue, mi-raisin, mi-fougue, mi-raison et qu'Avril prenne de réelles et belles envolées au goût printannier.

C'est Dimanche, presque lundi,
Un lundi qui n'aura pas l'odeur du métal en fusion ni la pression du boulot,
Un lundi qui ouvre une semaine de vacances que je voudrais paisibles. Le chat se prélasse sur le canapé, le temps s'étire lentement, longuement.
Un lundi pas comme les autres qui s'envole, tout doucement, sur le bout des ailes et des sentiments.
Un lundi comme un nouveau début, comme un éternel recommencement, comme une belle promesse, comme un triste souvenir.
Un lundi comme un déjà demain.

lundi, avril 03, 2006

To be or not to be

Souvenir d'un samedi soir au théâtre.

Hamlet ou la narration irradiante du vide de l’existence, de la mort, de la victoire incrédule du vice sur la vertu, de l’orgueil et de l’hypocrisie... Hamlet comme une évocation si convaincante de la nature humaine et de ses si puissantes faiblesses...

Chaque mot existe, chaque syllabe, chaque son exprime la profondeur de la pensée intérieure et l’intensité de l'émotion. La langue est admirable, vraie, moderne. Les mots vivent... chacun a son rythme, parfois doux, parfois féroce, parfois brutal, rarement tendre, comme autant d'expressions du poids de la douleur, d'une vision si évidente de la réalité cruelle du monde...

Hamlet dégouté se révolte impuissant devant l'immonde révélation du meurtre et de la faiblesse de la chair.
Hamlet s’interroge d'abord, Hamlet enrage, attaque et injurie ensuite. Il avance inexorablement vers la feinte folie, il n'y a pas folie, seulement férocité et perte inéluctable dans des envolées furieuses lacérées par la dépression ou l'incrédulité.

Le jeu de scène est impeccable et épuré, les acteurs de grande qualité...
Je suis hypnothisée...