jeudi, avril 27, 2006

Les cheveux blancs

Une fenêtre immense, une porte fenêtre telle celle des villas confortables garnit la façade d'angle d'une petite maison ouvrière, une prétention toute futile pour orner une minuscule cour au coin d'une rue pavée à la sortie des voies à grande vitesse.

Il n'y a plus de lumière le matin dans cette ouverture béante rythmée symétriquement de huit rangées de croisillons mais le vieil homme aux cheveux blancs est assis derrière le double vitrage chaque jour. Sa présence fait partie du paysage comme le cygne en faïence sur l'appui de fenêtre.

Une masse dense de cheveux soigneusement coiffés sur une nuque ridée. Le vieil homme est assis de dos dans un fauteuil enrôbant aux allures confortables, tableau immobile. Une attente imperturbable sans doute du matin suivant, encore un, ombre discrète et stoïque dans le trafic intense du début de journée... Quand le vieil homme ne sera plus là, peut-être qu'une affichette orange et noire sera la seule annonce de sa sortie de nos vies. Mais qui remarquera que quelque chose d'infime à changé dans nos trajets matinaux ?