dimanche, juin 04, 2006

Dur, dur

La petite dame a abandonné là le repas du soir. Les haricots se noient dans l'eau refroidie, le gratin décore la veilleuse du four, les assiettes dressées restent vides et bien disposées sur la table de la salle à manger.

La petite dame s'assied enfin quand la nuit tombe. Elle se contracte, elle se durcit... L'eau a quitté son corps lors d'une ultime ballade, ses muscles se raidissent, ses membres s'atrophient...
Ses courbes s'angulent, le rose de ses joues laisse place au gris sec et froid qui ternit, elle rapetisse, encore et encore...

Les traits s'estompent. Plus de paupières à fermer pour chercher en vain le sommeil, plus de ventre pour accueilllir les respirations coincées dans l'étau de l'estomac, plus de lèvres pour sourire, plus de mains pour caresser... Elle s'immobilise, se minéralise.

Petit caillou anodin, elle se laisse enfin tomber par terre, rebondit dans un bruit sourd, à peine perceptible avant d'aller se figer au bord de la route... Le passant poursuit son chemin... Tranquille.